bateau café joyeux à la route du rhum

par Marie LENGLET, journaliste Ouest France

Quatre ans après la victoire de Sidney Gavignet en Rhum Mono, Nicolas d’Estais prendra le départ de la Route du Rhum, dimanche 6 novembre, avec un class 40 aux couleurs de l’entreprise solidaire.

Nouvelle aventure au large pour l’entreprise Café Joyeux, dont le fondateur, Yann Bucaille, est aussi à l’origine du Castelbrac ou encore d’Émeraude voile solidaire, à Dinard. Cette fois, le bateau a Nicolas d’Estais pour skipper. Il est ici photographié avec Aurélien, équipier parisien de Café Joyeux, et Thomine de Bournet, responsable de projet. | JOEL LE GALL / OUEST-FRANCE

Depuis quelques jours, l’association Émeraude voile solidaire s’est habillée de jaune, en haut de la cale du Bec de la Vallée. Et sur le port de Dinard (Ille-et-Vilaine), les mêmes effluves revigorants chatouillent le nez des vacanciers qui, pour la plupart, connaissent bien Café Joyeux. Cette « entreprise solidaire d’utilité sociale » a été créée par le propriétaire de l’hôtel Castelbrac, Yann Bucaille, qui est aussi à l’origine de l’association Émeraude voile solidaire et de son catamaran, Ephata. C’est à bord de celui-ci que les bénévoles de la structure permettent chaque année à des personnes isolées ou en situation de handicap de prendre un bon bol d’air, en mer.

Mais les établissements Café Joyeux, eux, ont essaimé loin de la Côte d’Émeraude. Il en existe aujourd’hui une dizaine, notamment à Rennes, Paris ou encore Bordeaux. L’enseigne emploie et forme des salariés en situation de handicap mental ou cognitif et c’est donc pour faire valoir la cause de l’inclusion que l’entreprise s’est engagée, pour la première fois en course au large, lors de la Route du Rhum 2018. Sydney Gavignet, skipper, était même arrivé en tête à Pointe-à-Pitre, dans la catégorie Rhum Mono.

Un bon client, sur les Champs-Élysées

Le jaune, qui s’est répandu ces derniers temps à Dinard, est donc un indice probant : la team Café Joyeux remet ça. Effectivement, un bateau portera bien les couleurs de l’entreprise solidaire, mais dans la catégorie class 40, cette fois, et avec un nouveau skipper, Nicolas D’Estais. C’est le soutien du Fonds du bien commun qui a rendu possible cette aventure… tout récemment. « Ça s’est fait pendant l’été, acquiesce le navigateur. J’ai mis le bateau à l’eau il y a un an, mais jusque-là, il me manquait la moitié du financement… »

Un seul côté du voilier arborait donc les valeurs d’Happyvore, entreprise qui produit des viandes végétales – une façon de « rappeler qu’on peut réduire notre empreinte carbone en faisant attention à notre alimentation », résume le skipper. Sa rencontre avec Yann Bucaille lui permet donc d’également promouvoir l’inclusion et « ça a beaucoup de sens pour moi… »

Car des cafés « joyeux », Nico D’Estais en a bu un paquet. « J’ai entendu parler pour la première fois de l’entreprise grâce à Sidney Gavignet, car je m’intéresse évidemment depuis longtemps à la course au large, resitue-t-il. Mais j’ai surtout commencé à fréquenter celui des Champs-Élysées, à Paris, quand je travaillais en tant que conseiller en stratégie d’entreprise chez McKinsey… »

Une journée en immersion, avant de prendre la mer

Le jeune skipper de pas même trente ans a l’habitude de voir les sourcils se froncer, à cette phase du récit. « J’ai grandi à Paris, et c’est en vacances que j’ai découvert la voile, resitue-t-il. J’ai commencé à en faire plus sérieusement à l’adolescence, en rêvant d’en faire un jour mon métier. Enfant, j’avais des posters de la Route du Rhum et du Vendée Globe sur tous les murs de ma chambre. »

À 22 ans, en 2015, il s’embarque sur sa première mini-transat. Terminera deuxième, lors d’une seconde participation, en 2019. Et en 2021, donc, il saute le pas, devient skipper professionnel. « J’ai démissionné et me suis installé en Bretagne, le bateau et moi, on habite à Lorient. »

Pour sa première Route du Rhum, Nico D’Estais emportera une cafetière à piston. Pour que le Café Joyeux l’accompagne. Et il est bien placé pour savoir le préparer : « J’ai tenu à faire une journée en immersion auprès des équipiers de l’un des établissements parisiens. Je suis l’ambassadeur de l’entreprise, c’était normal de vouloir la connaître de l’intérieur. »

Sans pression…